15 septembre 1840. Frédéric Moreau, jeune homme de 18 ans et fraîchement bachelier, contemple la ville de Paris qui séloigne. Il est à bord dun bateau qui doit le ramener chez sa mère à Nogent-sur-Seine, où il compte passer deux mois avant de commencer ses études de droit. Sur le pont, il voit un monsieur en train de conter des galanteries à une paysanne. Ils engagent la conversation, et lhomme se présente comme Jacques Arnoux, propriétaire de l Art Industriel, enseigne hybride comprenant un journal de peinture et un magasin de tableaux. Jacques Arnoux lui fausse compagnie quand un domestique linforme que mademoiselle pleure. Dans la première salle, à droite, des messieurs, un catalogue à la main, examinaient des tableaux ; dans une autre, on vendait une collection darmes chinoises ;. Mme Dambreuse voulut descendre. Elle regardait les numéros au-dessus des portes, et elle le mena jusquà lextrémité du corridor, vers une pièce encombrée de monde. Allons! bon! jexagère! sécria lartiste, en donnant sur la table un grand coup de poing. Afin de se désennuyer, Frédéric changeait de place ; il alla se mettre dans le fond, puis à droite, ensuite à gauche ; et il restait au milieu de la banquette, les deux bras étendus. Mais un chat, foulant délicatement le velours du dossier, lui faisait des peurs en bondissant tout à coup, pour lécher les taches de sirop sur le plateau ; et lenfant de la maison, un intolérable mioche de quatre ans, jouait avec une crécelle sur les marches du comptoir. Sa maman, petite femme pâlotte, à dents gâtées, souriait dun air stupide. Que pouvait donc faire Regimbart? Frédéric lattendait, perdu dans une détresse illimitée. Elle se trouvait heureuse dans cette maison discrète ; les volets de la façade restaient même constamment fermés ; sa chambre tendue en perse claire, donnait sur un grand jardin ; Mme Alessandri, dont le seul défaut était de citer comme intimes les médecins illustres, lentourait dattentions ; ses compagnes, presque toutes des demoiselles de la province, sennuyaient beaucoup, nayant personne qui vînt les voir ; Rosanette saperçut quon lenviait, et le dit à Frédéric avec fierté. Il fallait parler bas, cependant ; les cloisons étaient minces et tout le monde se tenait aux écoutes, malgré le bruit continuel des pianos. Paris violent, société indicible, révolution, crises sociales, personnages essoufflés, vies dramatiques, accidentées qui se fracassent contre la réalité, le hasard, le sort, toutes sortes de choses : Flaubert sest bien souvenu que le bonheur est antilittéraire les familles heureuses nont pas dhistoire disait Tosltoï. : les textes sont disponibles sous ; dautres conditions peuvent sappliquer. Voyez les pour plus de détails, ainsi que les. En cas de réutilisation des textes de cette page, voyez. -un lieu clos : le bateau, un décor et une rencontre au fil de leau. Ce devoir évalue votre maîtrise de la lecture méthodique sur un extrait dun roman réaliste. Pour réaliser ce devoir, vous devez donc maîtriser les connaissances abordées dans la séquence 1 etou approfondies dans la séquence 3 sur le roman et la nouvelle réalistes : Est-ce quelle est toujours avec un certain Arnoux? La deuxième vision de Frédéric confère à Mme Arnoux un caractère plus humain, même si lidéalisation reste présente, en particulier avec limportance de la lumière: cette splendeur, cette finesse des doigts que la lumière traversait, autant dexpressions qui pourraient évoquer une sorte dauréole propre à la jeune femme. Cependant la rêverie exotique que Frédéric développe au sujet de son origine rêverie très romantique qui Luce Czyba, Une longue mèche de cheveux blancs ou lambiguïté du sens dans lavant-dernier chapitre de l Éducation sentimentale, Semen En ligne, 11 1999, mis en ligne le 25 mai 2007, consulté le 12 juin 2020. URL : http:journals.openedition.orgsemen2867 ; DOI : https:doi.org10.4000semen.2867 Ce fut sa fille elle-même qui lui ouvrit la porte. Elle lui dit, tout de suite, que son absence trop longue lavait inquiétée ; elle avait craint un malheur, une blessure. Bientôt ces mensonges le divertirent ; il répétait à lune le serment quil venait de faire à lautre, leur envoyait deux bouquets semblables, leur écrivait en même temps, puis établissait entre elles des comparaisons ; il y en avait une troisième toujours présente à sa pensée. Limpossibilité de lavoir le justifiait de ses perfidies, qui avivaient le plaisir, en y mettant de lalternance ; et plus il avait trompé nimporte laquelle des deux, plus elle laimait, comme si leurs amours se fussent échauffées réciproquement et que, dans une sorte démulation, chacune eût voulu lui faire oublier lautre. Mais il était bien résolu quoi quil dût faire à changer dexistence, cest-à-dire à ne plus perdre son cur dans des passions infructueuses, et même il hésitait à remplir la commission dont Louise lavait chargé. Cétait dacheter pour elle, chez Jacques Arnoux, deux grandes statuettes polychromes représentant des nègres, comme ceux qui étaient à la préfecture de Troyes. Elle connaissait le chiffre du fabricant, nen voulait pas dun autre. Frédéric avait peur, sil retournait chez eux, de tomber encore une fois dans son vieil amour. Forchambeaux, livide comme les prunes, tremblait ; Joseph riait aux éclats ; les garçons épongeaient le vin, ramassaient par terre les débris ; et le Baron alla fermer la fenêtre, car le tapage, malgré le bruit des voitures, aurait pu sentendre du boulevard. Peu dévénements, rien démoustillant dans la vie de Frédéric Moreau, pâle héros impuissant à conduire sa propre vie, empêtré quil est dans les contingences matérielles, les codes sociaux. Homme de toutes les faiblesses, il laisse couver son feu intérieur plutôt que lui donner loxygène qui le ferait devenir flamme et réduire en cendre ce décor dans lequel il se dilue. Dans lequel Flaubert le dilue. A force de le fignoler ce décor, de le ciseler, de le polir, de le retoucher. Pour quil soit parfait. Ils aiment à rire, remarqua tout haut Catherine. Redécouvrez LEducation sentimentale de Gustave Flaubert.